ELLE magazine: les 6 questions sur les implants mammaires
le Docteur Cynthia Hamou a été interrogée cette semaine par le magazine ELLE: les six questions sur les implants mammaires
- Assiste-t- on à un nouveau scandale PIP?
Les "implant files" ont mis en lumière des lacunes de certification et de traçabilité, mais cela n'a rien à voir avec le scandale PIP qui a éclaté en 2010. Jean-claude Mas, le fabriquant de ces prothèses mammaires, était un escroc qui remplaçait le gel médical par du silicone industriel. Aujourd'hui, 56 cas de Lymphomes anaplasiques à grandes cellules (un cancer rare touchant les ganglions lymphatiques)ont été répertoriés chez les porteuses d'implants depuis 2011. "c'est un effet indésirable exceptionnel qui n'était absolument pas prévisible", commente le Dr Fabien Reyal, chirurgien à l'Institut Curie à Paris. Reste que, comme pour les prothèses PIP, faute de traçabilité et de registre national, on ne sait pas combien de femmes présentent un risque ni qui elles sont parmi les 400 000 porteuses d'implants mammaires en France.
- Tous les implants mammaires sont ils en cause?
Non, seules les prothèses à paroi macrotexturée sont concernées. En particulier les Biocell du fabriquant Allergan, leader sur le marché. Or, ce sont les plus utilisées car elles présentent l'avantage de bien adhérer aux tissus. "Mais depuis plusieurs années, nombre de praticiens ont pris l'initiative de préferer les implants lisses ou microtexturés qui ne présentent pas de risque" précise la Dre Cynthia Hamou, chirurgienne esthétique à Grenoble. Depuis la publication des "Implant files", les choses ont évolué: l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)recommande aujourd'hui de ne plus poser de prothèses Biocell.
- Comment connaitre les caractéristiques de ses prothèses?
Lors de la consultation pré-opératoire, le chirurgien explique à la patiente les choix possibles et les risques. Cette dernière signe alors une déclaration de consentement éclairé. De plus, les caractéristiques des prothèses (marque, type, volume et numéro de série) sont indiquées dans le compre rendu opératoire. Elles sont également disponibles sur la carte de porteurs d'implants remise par le chirurgien. En cas de perte de la carte, ce dernier peut être contacté et il est tenu de fournir les informations à sa patiente.
- Quels sont les signes qui doivent alerter?
"Toute modification du sein, à savoir l'apparition de douleurs, de rougeurs, d'un gonflement ou encore d'une boule qui grossit doit conduire à prendre rapidement contact avec son chirurgien" indique la Dre Cynthia Hamou.
- Sans signes inquiétants, faut-il tout de même faire retirer ses implants?
"Il ne faut pas se précipiter, tempère le Dr Fabien Reyal. Rappelons que la majorité des femmes qui ont eu ce lymphome rare vont bien aujourd'hui. Toutefois, cela a nécessité parfois des traitements médicaux et chirurgicaux lourds. Mais explanter en urgence toutes les porteuses de prothèses macrotexturées me parait très excessif." En revanche, Fabien Reyal préconise un suivi régulier, un examen clinique annuel et éventuellement une échographie. "Il faudra retirer les implants si il y a des signes anormaux , si il y a une indication chirurgicale, ou à la demande de la patiente au cas par cas, poursuit il. Comme les prothèses sont changées tous les 10 ans en moyenne, les implants macrotexturés finiront par être tous remplacés."
- Comment sont surveillés les effets secondaires?
L'enquête des "Implant files" a mis en lumière un défaut de suivi des effets secondaires, une sous-déclaration de ces événements, ainsi que l'absence de registre national recansant les femmes porteuses d'implants mammaires. "En novembre nous avons lancé une nouvelle étude sur le site de recherche collaborative seintinelles.com grâce à un financement de l'ANSM, annonce le Dr Fabien Reyal. Toutes les femmes porteuses d'implants mammaires, à visée esthétique ou suivant un cancer, sont invitées à y participer. Notre objectif est de faire un état des lieux. Et d'aider les patientes à déclarer à l'ANSM, seules ou avec l'aide d'un médecin, les effets indésirables et les dysfonctionnements de leurs prothèses. Nous voulons ainsi les inviter à s'impliquer davantage dans leur surveillance."