Docteur Hamou : interview chirurgienne esthétique

27/09/2019 - 10:38
Dr Cynthia Hamou Interview

Docteur Hamou, pouvez-vous nous dire ce que les gens disent le plus souvent de vous ? 

On me fait souvent remarquer mon empathie, ma gentillesse envers les autres – des qualités qui me semblent importantes dans l’accompagnement et l’écoute des attentes des patient(e)s. 

Je pense également qu’on dit que je suis compétente : mes client(e)s ont confiance en moi, leur satisfaction et les retours positifs sont vraiment importants pour moi.

Aujourd’hui, vous pratiquez vous même la médecine esthétique : comment en êtes-vous venue à réaliser des traitements sur vous ? 

Cela c’est fait tout naturellement. En constatant les résultats sur les patientes, j’ai pu remarquer que les personnes qui commençaient tôt les traitements de médecine esthétique avaient des résultats à la fois plus durables et meilleurs dans le temps.

Pour ce qui est de la pratique des injections sur moi même, ce fut donc une évidence, d’autant que j’en connais et mesure l’absence de prise de risque… Je sais donc parfaitement où je mets les pieds.

Selon vous, la chirurgie esthétique est-elle soumise aux canons de beauté ? 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, très rarement. Dans la réalité, les personnes ont plutôt recours à la chirurgie esthétique pour solutionner des problèmes, de complexes souvent ancrés profondément en eux depuis l’enfance ou l’adolescence. Les solutions qu’offre la chirurgie esthétique leur permettent ainsi de retrouver confiance en eux en corrigeant de façon subtile et naturelle une imperfection qui leur gâche la vie de tous les jours.

Lorsque les demandes sont peu réalistes – par rapport à la morphologie et l’harmonie corporelle de la patiente – notre rôle est alors d’être à la fois à l’écoute et d’accompagner la personne de façon adaptée et personnalisée pour lui faire comprendre que sa demande n’est pas réalisable.

La chirurgie esthétique travestit-elle la vérité, ou est-ce l’expression d’une totale liberté ? 

Selon moi, elle permet simplement de remettre les personnes en phase avec elle-même et avec la façon dont elles se perçoivent vraiment. Dans certains cas, la chirurgie esthétique permet de réparer, restaurer les corps ou les visages, dans d’autres elle répond aux besoins de personnes qui souffrent de leur apparence.

L’intervention dans les deux cas aide les patients à être en harmonie avec eux-mêmes et se sentir mieux dans leur corps. Cela a un réel impact positif sur la vie en général de la personne.

Quels sont pour vous le meilleur et le pire de la chirurgie esthétique ? Et en quoi le pire discrédite-t-il votre profession ? 

Le meilleur pour moi c’est de voir des personnes qui étaient totalement complexées se transformer, se libérer après la chirurgie et me remercier, car elles peuvent enfin vivre comme elles se perçoivent, librement. On constate qu’elles ont après l’intervention une bien meilleure estime d’elles.

Le pire, ce sont bien sûr les dérives excessives ultra médiatisées, comme l’on peut voir à la télé réalité. Malheureusement, cela donne au grand public une vision totalement biaisée et fausse de la chirurgie esthétique, et qui en réalité ne représente que des épiphénomènes.

Lorsque vous opérez, comment mesurez-vous les risques, la responsabilité ? 

C’est l’envers du décor de notre profession. Autant, c’est un métier qui apporte de grandes satisfactions, autant la responsabilité vis-à-vis des patients est énorme, et parfois lourde à supporter. Mais c’est aussi le pendant de ce travail, et on apprend à vivre avec.

Comment gérez-vous les opérations impossibles dues à la dysmorphophobie ? 

Les personnes souffrant de dysmorphophobie ont une mauvaise image d’eux même, au point que cela les pousse à développer des obsessions sur un défaut, parfois imaginaire, et une perception particulièrement négative de leur corps. Malheureusement, les demandes liées à cette maladie existent. Bien évidemment, je n’opère pas ces patients qui ont besoin d’un accompagnement thérapeutique plus qu’esthétique.

La consultation est un moment difficile : il faut savoir refuser l’intervention, et c’est souvent bien plus difficile que d’accepter. Mais pour le bien-être du patient, il faut savoir être ferme.

Comment appréhendez-vous le syndrome de la poupée Barbie ? 

Fort heureusement, c’est extrêmement rare. On y est très peu confronté. Aujourd’hui, même avec l’influence des réseaux sociaux ou des télé-réalités, la plupart des démarches restent quand même réalistes.

Quelles sont les principales satisfactions/fiertés que vous retirez de votre métier ? 

J’adore mon métier ! J’ai la chance d’avoir des patients qui sont extrêmement reconnaissants et qui des années, après n’hésitent pas à venir me remercier, car ils n’ont jamais oublié ce que j’ai fait pour eux. On se nourrit de ces moments et ce sont ces instants d’émotions qui nous poussent à donner toujours le meilleur de nous même à travers chaque injection, chaque traitement, chaque opération.

Faut-il de longues années pour maîtriser cet équilibre entre la peur et l’audace ? 

C’est un métier très difficile. Le poids de la responsabilité est énorme. Plus jeune, en début de carrière, il n’est pas rare qu’on néglige cette responsabilité. Puis, avec l’âge et l’expérience, je pense que l’on mesure de mieux en mieux à quel point on se doit d’être irréprochable dans ses pratiques et dans l’accompagnement des patientes.

C’est cela qui nous permet d’exercer ce métier en toute sérénité et de répondre pleinement aux attentes des personnes qui font appel à nous.

Vos patientes vous sont-elles fidèles sur des années ?

En toute honnêteté, oui. De nombreuses patientes viennent très régulièrement pour des injections, puis lorsqu’elles ont une demande qui concerne le domaine de la chirurgie esthétique, elles se tournent vers moi. Une fidélité possible grâce à la confiance développée entre elles et moi au fur et à mesure des années.