Chirurgie esthétique : l’enjeu psychologique est important
Lifting, opération du nez, augmentation ou réduction mammaire, liposuccion et l’on en passe, la chirurgie esthétique et plastique, bien qu’elle apporte pour la grande majorité des patients un réel bénéfice “bien-être” et le retour à la confiance en soi, n’est pas un acte à prendre à la légère.
Au niveau psychique, aucun geste chirurgical sur le corps n'est anodin. Que cachent nos demandes ? Quels sont les enjeux psychologiques liés à la chirurgie esthétique ? Car toucher à son corps, à sa représentation physique, c’est toucher à ce qui fait ce que nous sommes, à notre Histoire personnelle.
Chirurgie esthétique : corriger les “défauts”
L’objectif de la chirurgie esthétique et plastique et de la chirurgie réparatrice est bel et bien de corriger les imperfections ou les "défauts" d'une ou plusieurs zones du corps et du visage. Légers ou importants, ces éléments jugés inesthétiques sont souvent à l’origine de complexes, plus ou moins profonds et douloureux. Chez certaines personnes, ces imperfections peuvent vraiment entraver le bien-être, la confiance en soi et l’estime que l’on a de soi, voire, entraver la qualité de vie au quotidien.
Il apparait évident qu’éliminer, atténuer, en tout cas corriger ces caractéristiques - allant de la malformation congénitale au petit défaut - et ce, d’une manière définitive, permet de se réconcilier avec son corps, avec soi, et permet de se sentir mieux, car l’apparence physique influence l’estime de soi. Cette zone de notre corps sur laquelle nous fixons est source de complexes, comme nous l’avons vu plus haut, et parfois même d’une véritable souffrance psychologique. De nombreuse études scientifiques prouvent que la chirurgie plastique permet aux patients et aux patientes insatisfait(e)s de leur image physique de se sentir soulagé(e)s, et ainsi d’en voir les bénéfices dans leur vie.
Mais où se situe le curseur en matière de chirurgie esthétique ? La chirurgie esthétique résout-elle vraiment tout ? Est-elle toujours justifiée ?
Chirurgie esthétique : se rassurer à tout prix ?
Il y a toujours des moments dans notre vie où nous ressentons un décalage, parfois très grand, entre notre ressenti intérieur et l'image que nous renvoie le miroir. C’est souvent le cas à l’adolescence d’abord, lorsque ce corps d’enfant se met à changer brusquement, échappant à toute emprise. Ce passage peut être encore davantage mal vécu, en raison de toutes les hormones qui entrent en jeu à cet âge-là. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui font que les opérations de chirurgie esthétique, à moins que le problème soit réellement handicapant (notamment une poitrine si volumineuse qu’elle entraine des maux de dos, l’impossibilité de trouver des vêtements à sa taille, etc.), sont réalisées après la puberté.
Mais ce sentiment étrange que notre corps n’est pas en accord avec qui nous sommes à l’intérieur nous suit, souvent, toute notre vie. Par exemple, le fait de se “sentir jeune” tout en se rendant bien compte que l’on arrive à un âge où ne l’est plus vraiment. Et ce sentiment, tout le monde l’a, plus ou moins. Sauf que certain(e)s vivent très bien avec en opérant ce travail de renoncement, de lâcher-prise sur le corps. D’autres moins. De ce sentiment de décalage avec l’image que l’on renvoi et celle que l’on aimerait naissent les besoins de “passer à l’acte” et à opter pour la chirurgie esthétique. En cela, cet acte apparait comme une forme de réassurance.
Dans cette optique, la tentation de la chirurgie est grande et évaluer le prix psychique d’une chirurgie plastique semble indispensable. Car du fait de notre Histoire personnelle, il peut demeurer une distorsion entre notre apparence et notre intériorité. Que la chirurgie ne peut peut-être pas combler.
Dysmorphophobie mise à part, ce nez que je déteste est aussi celui de mon père (ou de ma mère) : quelles relation entretiens-je avec lui (ou elle) ? Qu’est-ce ce nez dit de moi ? Notre complexe mérite qu’on s’y attache, qu’on s’y intéresse. En outre, est-il complétement de notre fait ? Subissons-nous une forme de pression, de la part de notre entourage, de notre conjoint ? Certains patients pensent que la chirurgie résoudra tous leurs problèmes, et une fois l’acte réalisé, tombent de haut. Ils ont changé physiquement, mais rien n’a changé au fond.
Faut-il pour autant envisager la psychanalyse dès lors qu’on souhaite avoir recours à la chirurgie esthétique ? La question reste ouverte. Pour beaucoup, la chirurgie esthétique est aussi un cadeau qu'on s’offre. A soi. Pour soi. Les raisons intrinsèques qui nous y poussent, si complexes soient-elles, nous appartiennent finalement, tant que cela nous rend heureux.
Chirurgie esthétique : un cadeau qu’on se fait
En cela, la chirurgie esthétique et plastique est une forme de gratification, un cadeau que l’on se fait, en tout connaissance de cause. La part de narcissisme semble assez évidente, liée au désir d'entretenir son apparence sans que cela, hélas, n’empêche les effets du temps qui passe. Mais après tout, n’est-ce pas notre propre corps dont il s’agit ?
Où se situent le “normal” et le pathologique ? La frontière est parfois ténue. Nos parcours sont tous singuliers, nos vies et nos personnalités bien différentes. En cela, la consultation avec le chirurgien, comme toujours, reste essentielle. Le chirurgien vous encouragera à parler de votre vie, passée et future, de vos motivations, etc. Cela lui permettra de vous sonder, vous connaitre, et juger si oui ou non cette demande semble réaliste, pesée et donc faisable dans les meilleures conditions.